Une politique de relance est une politique économique qui a pour but de relancer l’activité économique, c’est-à-dire la croissance de la production, et donc l’emploi, par un soutien de la demande des ménages et des entreprises. Elle repose sur des politiques monétaire et budgétaire expansionnistes. Une politique de stabilisation est une politique économique qui vise à freiner l’activité économique, et donc le niveau des prix et des salaires, par des politiques monétaire et budgétaire restrictives.
Une politique structurelle est un ensemble de mesures que les autorités mettent en œuvre pour modifier les structures de l’économie pour qu’elles s’adaptent aux changements économiques. On distingue des politiques industrielles, agricoles, d’aménagement du territoire, de recherche et développement, et de l’emploi.
Les politiques de relance
L’équilibre de sous-emploi dans la théorie keynésienne : selon Keynes (1936), les entrepreneurs déterminent leur niveau de production, et donc d’investissement et d’emploi, à partir de la « demande effective », c’est-à-dire de l’anticipation de la demande à venir :
Rien n’indique a priori que l’anticipation de la demande, c’est-à-dire la demande effective, permette d’embaucher toutes les personnes désireuses de travailler. Le sous-emploi des facteurs de production s’avère possible.
Un soutien de la demande : l’État peut intervenir pour modifier la perception que les agents économiques ont de la demande réelle. Cette intervention peut s’effectuer par des aides à la consommation, un relèvement des bas revenus et des aides à l’investissement, dans le cadre du déficit budgétaire. Ces mesures permettent la relance de l’activité et la création d’emplois. Il en résulte des rentrées fiscales supplémentaires, une baisse des coûts unitaires de production (économies d’échelle) qui réduisent les tensions inflationnistes et permettent de maintenir l’équilibre extérieur.
Des marges de manœuvre étroites : les politiques de relance se heurtent tout d’abord au problème de la contrainte extérieure, comme ce fut le cas lors de la relance de 1981-82 en France. Le soutien de la demande profite aussi aux entreprises étrangères par le biais des importations, ce qui ne manque pas de détériorer l’équilibre extérieur.
En outre, la contrainte budgétaire apparaît déterminante : dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance entre les pays membres de l’Union économique et monétaire, le déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB, sous peine de sanctions (amendes à verser au budget de l’Union européenne) si le dépassement ne s’explique pas par des circonstances exceptionnelles (une récession économique de plus de 2 % sur au moins un an).
Il faut en effet comprendre que, désormais, un déficit budgétaire susceptible d’être financé par emprunt est source de tensions inflationnistes et de hausse des taux d’intérêt, pour l’ensemble des pays de la zone euro. Le pacte de stabilité et de croissance a donc pour objectif d’instaurer des garde-fous à toute dérive budgétaire.
La coordination des politiques de relance : les pays qui entretiennent des relations commerciales étroites entre eux peuvent avoir intérêt à coordonner leurs politiques économiques. En effet, si tous pratiquent en même temps des politiques de relance de l’activité économique, les « fuites » vers l’extérieur, repérées dans le cas d’une relance isolée, seront profitables à tous.
Les politiques de stabilisation
Les tenants des anticipations rationnelles considèrent, par exemple, que toute augmentation du déficit budgétaire conduit les agents économiques à anticiper une hausse future des impôts, et donc à épargner en prévision. Ce faisant, la hausse des revenus distribués n’a pas d’impact sur l’évolution de la demande. Les pouvoirs publics doivent s’efforcer d’annoncer et de suivre des politiques économiques transparentes de stabilisation, pour ne pas fausser les anticipations des agents. Ils obtiennent auprès d’eux, en respectant leurs engagements, une crédibilité.
Lutter contre l’inflation : l’objectif principal d’une politique de stabilisation est dès lors de lutter contre l’inflation par le budget de l’État. La recherche de l’équilibre budgétaire, voire de l’excédent, se substitue à la pratique keynésienne du déficit : un excédent permettra de relancer l’activité en cas de besoins sans hausse des impôts, ni création monétaire. Pour être sûr que les politiques annoncées seront effectivement suivies (crédibilité de la politique économique), il faut rendre les décideurs indépendants des pouvoirs publics (cas des banques centrales), voire interdire constitutionnellement tout déficit budgétaire (le pacte de stabilité et de croissance ne fait que le limiter).
De la régulation par l’État à la régulation par le marché
Desserrer les contraintes internes et externes de la politique économique : c’est l’objet des politiques structurelles qui visent à adapter l’économie nationale aux changements de l’environnement international.
La politique commerciale stratégique : les politiques industrielles actuelles réhabilitent le concept d’industrie naissante à travers la notion de politique commerciale stratégique. Une politique commerciale est qualifiée de stratégique si elle permet à une industrie dans l’enfance d’affronter la concurrence internationale, à l’exemple de la construction aéronautique et spatiale dans l’Union européenne. Paul Krugman montre la logique qui conduit au soutien d’Airbus face à Boeing.
Libéralisation et déréglementation : les politiques structurelles consistent désormais à encadrer, et non pas orienter les mécanismes de marché. Il s’agit de dénationaliser, privatiser, de rétablir le jeu de la concurrence en condamnant les abus de position dominante, de flexibiliser l’emploi. L’action de l’État se porte essentiellement en amont des marchés pour soumettre l’économie à l’évolution de ceux-ci : aide à la recherche et développement (projet Esprit), aide à la formation (projets Eurêka et Erasmus), aide à l’innovation, amélioration de l’attractivité du territoire pour les investisseurs étrangers.
Anticipations rationnelles et anticipations adaptatives
Milton Friedman ( 1974) fait l’hypothèse que les anticipations des agents économiques sont adaptatives, c’est-à-dire qu’ils prévoient l’évolution des variables économiques (inflation, revenus par exemple) à partir des informations obtenues sur ces variables dans le passé. Ainsi, un ménage anticipera le niveau des impôts à payer pour l’année prochaine en fonction des impôts qu’il avait anticipés l’année précédente, et de l’écart entre sa prévision pour l’année en cours et le montant d’impôt qu’il a effectivement payé.
Toutefois, pour John Muth ( 1961), cette hypothèse n’est pas compatible avec la rationalité des individus. Les agents ne tiennent pas seulement compte des informations sur le passé pour faire des prévisions, mais aussi de toutes les informations qu’ils détiennent, y compris celles sur le futur, et qui pourraient avoir une influence sur les variables économiques dans l’avenir. Ainsi, une anticipation rationnelle est une anticipation basée sur le fait que les agents sont parfaitement informés, c’est-à dire qu’ils ont accès à toute l’information disponible. On suppose, en conséquence, que les agents économiques connaissent par exemple le fonctionnement de l’ économie.
Application : Quelles sont les raisons qui rendent attrayante une relance de l’activité économique par le secteur du bâtiment et des travaux publics ?
Corrigé : « Quand le bâtiment va tout va » . Rien n’est moins sûr. Cet adage peut tout autant indiquer que le dynamisme du bâtiment est la résultante d’une bonne santé de l’économie, ou qu’il est une des causes essentielles de cette bonne santé. En réalité, le problème est bien de savoir le rôle que joue le secteur du BTP dans l’activité économique. Beaucoup lui accordent un rôle supérieur à son poids dans la production nationale, allant même jusqu’à en faire un des vecteurs privilégiés des politiques de relance de l’activité économique. On entend ici par politique de relance, les politiques économiques qui visent à relancer la demande intérieure en agissant sur la consommation et l’investissement. Ainsi, la relance par le bâtiment générerait des enchaînements bénéfiques le long du circuit économique sans provoquer les déséquilibres classiques des politiques de relance générale.
1 ) Les politiques de relance se heurtent à des contraintes économiques :
– le problème inflationniste (contrainte du taux d’inflation) ;
– le problème du déséquilibre des échanges extérieurs (contrainte extérieure).2) Une politique de relance par le bâtiment pour contourner les contraintes :
– les effets d’entraînement sur le plan fiscal ;
– l’évitement de la contrainte extérieure (le BTP est peu importateur) ;
– le poids du BTP dans le PIB relativise quelque peu les effets d’entraînements.Une relance par le secteur du bâtiment permet de contourner les contraintes classiques liées aux politiques économiques de relance, même si les effets en sont atténués du fait du faible poids du BTP dans le PIB français.
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