Dans l’exercice de leur activité, les agents économiques ont des besoins de financements (achats aux fournisseurs, investissements, consommation…) et des ressources financières (produit des ventes, revenus, épargne antérieure… ). En faisant le solde des besoins et des ressources, on constate que certains agents ont un besoin net de financement alors que d’autres dégagent une capacité de financement .
Les banques participent bien sûr à ces circuits puisqu’elles créent l’essentiel de la monnaie nouvelle et gèrent une partie de l’épargne existante, mais elles n’en détiennent pas le monopole. D’une part, d’autres institutions financières jouent comme elles un rôle d’intermédiation. Et, d’autre part, les agents déficitaires peuvent émettre directement à destination des agents excédentaires des titres financiers, qui seront vendus sur les marchés de capitaux.
Le financement monétaire correspond à la création monétaire et le financement non monétaire utilise les capacités de financement existantes. La finance directe se fait par émission de titres sur les marchés de capitaux et l ‘intermédiation financière fait intervenir les banques et les autres institutions financières.
Évolution du financement de l’économie et désintermédiation financière
Le rôle du système financier a largement évolué en France depuis le début des années quatre-vingt-dix. Auparavant, les entreprises avaient structurellement un besoin net de financement alors que les ménages dégageaient des ressources et que la situation financière de l’État était proche de l’équilibre. La situation actuelle est sensiblement éloignée de ce modèle. Aujourd’hui, les sociétés dégagent une capacité de financement significative alors que les administrations publiques éprouvent un fort besoin de financement.
Endettement en pourcentage du PIB (au 30.06.2014)
L’évolution du rôle des intermédiaires financiers : dans la conception traditionnelle des circuits de financement, la finance directe s’effectue sur les marchés de capitaux et la finance indirecte par l’intermédiaire des banques. Si l’on adopte cette vision, l’économie française a connu, au cours des années quatre-vingt, un vaste mouvement de désintermédiation financière, les marchés de capitaux prenant une place de plus en plus importante dans le financement de l’économie.
La nouvelle intermédiation financière : l’évolution des financements montre qu’il faut réviser la conception traditionnelle de l’intermédiation. En effet, plusieurs phénomènes ont conduit les intermédiaires à avoir un rôle de plus en plus important sur les marchés de capitaux. Les banques détiennent la majorité des OPCVM (organismes de placement collectifs en valeurs mobilières), c’est-à-dire des organismes permettant d’accéder collectivement aux marchés des capitaux par l’achat de parts, dont le poids a considérablement augmenté au cours des années quatre-vingt. Les banques émettent des titres sur les marchés de capitaux (marché monétaire en particulier), elles prennent des participations dans le capital des entreprises. Pour toutes ces raisons, il est de plus en plus difficile d’opposer le financement par les banques et la finance directe.
Le financement par les marchés de capitaux
L’organisation du financement par le marché : trouver un financement sur les marchés consiste à vendre des titres financiers à des personnes disposant de capacités de financement. Différents marchés de capitaux permettent l’obtention de différents types de financements selon la nature du titre, sa durée, son montant. Il faut distinguer le marché monétaire, où s’échangent des actifs monétaires, c’est-à-dire des titres de créance à court et moyen terme, et le marché financier où circulent les titres à long terme.
Le marché monétaire : il est constitué depuis 1 985 de deux compartiments. D’une part, le marché interbancaire, réservé aux institutions financières pour le refinancement : la banque centrale y refinance les banques en prenant leurs créances en pension ou sur appel d’offre. D’autre part, le marché des titres courts (marché des titres de créance négociables à court terme), ouverts aux agents non financiers : les sociétés peuvent y émettre des billets de trésorerie, le Trésor public des bons du Tré sor négociables, les banques des certificats de dépôt. Malgré l’ouverture, les institutions financières constituent les acteurs les plus actifs du marché des titres courts et elle a surtout permis aux banques de se refinancer par appel à de nouveaux prêteurs (sociétés d’assurance, caisses de retraite, OPCVM. . .) et à l’État de se procurer des sources de financement supplémentaires.
Le marché financier permet l’émission de titres à long terme (actions et obligations), mais aussi leur vente. Certains titres sont proposés au public, le marché financier est alors désigné sous le terme de Bourse. Le marché financier assure les financements à long terme. Deux grands types de financement peuvent y être obtenus : des capitaux propres lorsqu’il s’agit d’actions, des capitaux empruntés lorsqu’il s’agit d’obligations. La caractéristique du marché financier est de permettre la revente de ces valeurs mobilière sur un marché secondaire. Marché primaire et marché secondaire sont liés car la réussite des émissions dépend largement des possibilités de reventes des titres. Au cours des années quatre-vingt, le marché financier a pris une grande importance dans le financement de l’économie française grâce à la déréglementation et à l’apparition de nouvelles formes de titre (titres participatifs, obligations convertibles, actions à bons de souscription. . .).
Le financement de l’économie indirectement par les crédits
Le rôle du crédit : lorsque les banques accordent des crédits, elles permettent aux agents économiques de financer des activités de production, de consommation d’investissement. Mais les banques peuvent aussi recevoir des dépôts, c’est-à-dire des ressources financières inemployées. L’intermédiation des établissements de crédits dans le financement de l’économie permet d’ajuster les capacités de financement aux besoins. En effet, les intermédiaires peuvent transformer un grand nombre de placement de court terme en un seul prêt à long terme.
L’organisation du crédit en France : les banques en sont les principaux organes. Elles sont seules habilitées à recevoir les dépôts, donc à créer de la monnaie nouvelle. Mais d’autres établissements distribuent du crédit sans recevoir de dépôts : les société tés financières et les institutions financières spécialisées, dont l’activité est limitée à certains types de financements. La plupart sont d’ailleurs des filiales de banques.
L’évolution du financement par crédit : les crédits financent aujourd’hui à part sensiblement égale les sociétés et les ménages, à la fois pour leurs besoins de court terme (trésorerie) et de long terme (investissements, habitat). Les établissements de crédit indexent de plus en plus le taux d’intérêt des crédits qu’ils accordent sur les taux d’intérêt du marché monétaire. En effet, les banques « achètent » le plus souvent sur ce marché l’argent qu’elles prêtent. On constate néanmoins des écarts de taux en fonction de l’échéance et en fonction de l’emprunteur. Le montant du crédit distribué dépend de nombreux facteurs : situation économique, politique de financements des entreprises et de l’État, taux d’investissement, trésorerie des ménages. . .
Les mutations des marchés financiers
Le marché financier n’a plus aujourd’hui d’existence physique, les cotations se font dorénavant sur des plateformes électroniques. Ce nouveau mode de fonctionnement permet des rapprochements entre différentes bourses internationales. Ainsi, en septembre 2000, les bourses de Paris, de Bruxelles et d’Amsterdam ont fusionné pour donner naissance à un nouveau groupe, Euronext, auquel se sont jointes les bourses de Porto et de Lisbonne. De cette manière, un émetteur de titres peut choisir de s’introduire sur l’une des places financières mais en sachant que ses titres seront négociables par n’importe quel intermédiaire sur l’une des bourses appartenant au groupe. Ces mouvements ne se limitent pas à l’espace européen. En 2007, un accord entre Euronext et le NYSE (New York Stock Exchange) est finalisé, le nouveau groupe se portant acquéreur du LIFFE (London International Financial Futures and options Exchange) en 2002. Toutefois, en 2013, NYSE Euronext est à son tour absorbé par ICE (International Exchange ). La globalisation financière passe donc par une concentration des places boursières.
En quoi les marchés financiers peuvent-ils im poser des contraintes aux décideurs économiques ?
Corrigé : La plupart des marchés de capitaux du monde fonctionnent aujourd’hui librement. Des fonds peuvent être placés dans n’importe quel marché monétaire ou financier, revendus le lendemain pour être placés dans un autre pays. Cela a entraîné une forte accélération des mouvements internationaux de capitaux. L’importance de ces mouvements impose aux gouvernements économiques d’importantes contraintes de politique économique.
Les mouvements internationaux de capitaux influencent la valeur des monnaies. Lorsqu’un montant important de capitaux afflue vers un marché, la valeur de la monnaie nationale augmente car elle est très demandée. À l’inverse, quand les capitaux fuient un pays, le taux de change de la monnaie diminue. Les marchés de capitaux font donc peser sur les gouvernants économiques une contrainte liée à la valeur de la monnaie : il faut maintenir des taux d’intérêt élevés pour attirer les capitaux.
Cette contrainte ne serait pas trop forte si l’économie pouvait se passer des capitaux étrangers. Ce n’est pas forcément le cas. Ainsi, en France, une part importante de la dette publique (sous forme de bons du Trésor) est détenue par des investisseurs étrangers. Ces investisseurs ne financent l’État que si le risque est acceptable et il ne l’est plus si la valeur de l’euro est menacée. Ces investisseurs demandent alors une rémunération encore meilleure des bons du Trésor, ce qui pèse sur le budget de l’État.
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